DECES DU PERE ANDRE ROMARY
Avis de décès du P. André Romary
Nous vous annonçons le décès de l’abbé André ROMARY ce vendredi 17 janvier 2025, à l'âge de 89 ans.
André s’affaiblissait. À la suite d’une chute, il avait intégré « Les Buissons » à Xertigny. Les bons soins du personnel de la maison de retraite n’ont pas suffi à le remettre debout. Une de ses dernières paroles a été, à l’adresse de sa famille et des confrères et amis qui le visitaient, « Vos visites me nourrissent. » Au fil des semaines, André a épuisé toutes ses forces physiques. Il nous a quittés ce vendredi 17 janvier 2025.
André prévoyait de fêter ses 90 ans et ses 60 ans de sacerdoce au cours du printemps. Il les fêtera, nous en sommes sûrs, à la table du Seigneur, avec les siens déjà disparus et son ami, Mgr Didier Berthet dont il avait pleuré le décès en septembre 2023.
André avait eu l’occasion de relire les événements marquants de sa vie et de livrer le sens qu’il avait voulu donner à sa vie, le sens de ses nombreux engagements. Il résumait tout cela en trois mots : "Ma famille, l’Église… et (en haussant le ton) la Mission de France". Laissons-lui la parole.
Je crois pouvoir résumer assez facilement (mon) engagement autour de la demande actuelle du pape François : "Soyez une Église pauvre au service des plus pauvres".
Tout a commencé, si j’ose dire, par ma naissance dans une famille de petits cultivateurs pauvres : nous étions neuf enfants « nourris par une douzaine de vaches ». J’ai toujours pensé que cela était une bénédiction du ciel !
Mais pastoralement tout a commencé lorsque, après mon service militaire et quelques années chez les jésuites, le Père Poirson, alors supérieur du grand séminaire en plein Concile, de 1962 à 1965, où le Bon Pape Jean exhortait l’Eglise à s’ouvrir au monde en particulier (aux) plus pauvres. Des évêques d’Amérique Latine présents au Concile avaient bien compris ce message, et en rentrant chez eux ils vont orienter résolument leur Eglise vers la dénommée "option préférentielle pour les pauvres". J’ai alors orienté largement mes études autour de cette option évangélique, ce qui s’est terminé par un mémoire demandé par le Secours Catholique national intitulé : "Les Pauvres, sacrement du Christ ". Pour la petite histoire, j’ai gagné le 1er prix qui m’a valu un voyage à Rome.
Ordonné en 1965 par le père Vilnet, je lui ai demandé deux choses : qu’il m’envoie dans une paroisse pauvre du diocèse, ce qu’il fit en me nommant au milieu d’une population ouvrière de Fraize-Plainfaing ; puis en 1967, il me demandait de participer à la 1ère équipe d’association à la Mission de France. Or les deux priorités de la MDF sont les plus loin et les plus pauvres ce qui était, en France, la même chose.
LA 2ème chose demandée au père Vilnet : qu’il m’autorise, après quelques années dans le diocèse, à rejoindre comme prêtre Fidei donum l’Église d’Amérique Latine, ce qui fut fait en 1975, et justement, dans la 1ère équipe de Mission de France au Brésil. J’y ai vécu ce que je peux appeler les plus belles années de ma vie sacerdotale dans les milieux populaires et au service d’une Eglise qui avait fait réellement l’option des plus pauvres.
Rentré en France en 1987, dans les paroisses de Marne-la-Vallée, Neufchâteau, Épinal, Saint-Antoine-en-Vologne, j’ai essayé le plus possible de rester dans cette orientation, assurant par exemple le service des Migrants, de la prison et toujours en lien aussi avec le Secours Catholique et le C.C.F.D., attachés au service des plus pauvres ici et là-bas.
… Douze ans (entrecoupés d’une nouvelle année de mission au Brésil, dans le nord) (j’ai été) responsable de la paroisse Saint-Antoine-en-Vologne avec résidence à Cheniménil, tout en continuant ma mission à la prison d’Epinal. Cette paroisse « nouvelle » sera pour moi le « bouquet final » de ce que je considère comme le « beau feu d’artifice » de ma responsabilité pastorale comme prêtre.
Retiré dans un quartier populaire au Plateau de la Justice à Epinal, je continue d’une façon différente cette option qui a vraiment marqué mon engagement au service de la Bonne Nouvelle en Eglise, participant par exemple à l’association SOS-Prison, à l’association Solidarité Est-Etranger, Alzhaimer88, Jardins de Cocagne qui fait de l’agriculture bio avec de l’insertion.
Dans son testament, André ajoutait :
Dans ma vie, j’ai aimé le sourire des enfants, l’enthousiasme des jeunes, la bonne volonté et la collaboration des prêtres et des nombreux laïcs chrétiens dans l’Eglise, l’ardeur généreuse de nombreux militants sociaux avec qui j’ai pu travailler.
J’ai aimé aussi la beauté de la nature, celle du Val d’Ajol où je suis né, les beaux paysages, les fleurs.
En 2015, André avait rejoint la rue Cour Billot, « gardien de la maison », passionné de cinéma…Il poursuivit ses engagements aussi longtemps que ses forces le lui permirent. (André aurait pu aussi mentionner son long engagement à la Coopération Missionnaire)
Après avoir évoqué ses soucis de santé, sa chute en 2017, il concluait ainsi son récit de vie "Des Vosges aux favellas brésiliennes : aventures et belles rencontres" :
... je garde le moral. Bien plus, bien entouré par ma grande et chère famille qui m’a toujours accompagné et soutenu, par mes nombreux et fidèles amis français et brésiliens, par mes sympathiques confrères prêtres et par mon nouvel évêque depuis cinq ans, père Didier Berthet, qui d’ailleurs m’honore de son amitié fraternelle !
Tout ceci accompli, je le crois, sous le regard et grâce à la tendresse infinie du Dieu d’Amour !
Cette même foi nous réunira pour les obsèques d’André mardi prochain, 21 janvier, à 14 h 30 en l’église du Val d’Ajol.
Le père André ROMARY repose à la maison funéraire Henry, au Val-d'Ajol.
Revoir les témoignages vidéos d'André :
Paroles de nos Pères | Septembre 2018 (à 20m46)